Les problèmes financiers de R.Kelly

À son apogée, R. Kelly était l’un des artistes R&B les plus vendus de tous les temps, avec plus de 75 millions de disques vendus. Ses plus grands succès—« I Believe I Can Fly », « Bump N’ Grind », « Ignition (Remix) »—en ont fait une superstar mondiale, remplissant les arénas et atteignant les sommets des charts. Il a gagné des dizaines de millions grâce aux ventes d’albums, aux tournées et aux droits d’auteur.

La chute de R. Kelly s’est déroulée dans les salles d’audience à travers le pays, mais sa dernière bataille juridique ne concerne pas des condamnations criminelles—il s’agit d’argent.
Un groupe de six femmes, toutes survivantes de ses abus présumés, a obtenu un jugement civil de 10,3 millions de dollars contre lui en 2023. Maintenant, elles affirment qu’il a payé moins de 500 000 $ de cette somme, et elles le poursuivent à nouveau en justice pour obtenir ce qui leur est dû.

Le procès mentionne Lizette Martinez, Lisa Van Allen, Kelly Rogers, Faith Rogers, Roderick Gartrell et Gem Pratts—des femmes qui s’étaient déjà exprimées dans le documentaire Surviving R. Kelly. Leur équipe juridique pousse maintenant pour que Kelly débourse les 9,9 millions de dollars restants, mais la réalité est sombre : les finances de Kelly sont en ruines, et il se peut qu’il n’y ait plus d’argent à récupérer.

Bien avant que ses problèmes juridiques n’explosent, Kelly avait la réputation d’une mauvaise gestion financière. En 2012, il a été révélé qu’il devait 5 millions de dollars au fisc. Ses habitudes de dépenses somptuaires—manoirs, voitures de luxe, cadeaux extravagants—ont épuisé sa fortune. En 2018, il avait fait défaut sur son hypothèque, perdu ses maisons à la suite d’une saisie, et était accablé de dettes.

Puis est venu le mouvement #MuteRKelly et le documentaire Surviving R. Kelly, qui ont détruit sa carrière du jour au lendemain. Les concerts ont été annulés, Spotify et Apple Music l’ont retiré des playlists, et RCA Records a résilié son contrat. En 2019, lorsqu’il a été arrêté pour des accusations fédérales, Kelly était déjà fauché—ses comptes bancaires étaient apparemment à découvert, et il ne pouvait même pas payer sa propre caution de 100 000 $ (un fan a dû le faire pour lui).

Tout en purgée une peine de 30 ans de prison pour racket et trafic sexuel, Kelly continue de subir d’énormes jugements financiers. 4 millions de dollars ont été accordés à une femme nommée Heather Williams, qui a poursuivi Kelly pour abus sexuel lorsqu’elle avait 16 ans.
3,5 millions de dollars ont été attribués à un propriétaire de Chicago qui l’a poursuivi pour loyer impayé sur un studio d’enregistrement.

300 000 $ ont été ordonnés à être versés à l’une de ses victimes pour des frais de counseling et des dépenses médicales liées à l’abus.

Ce ne sont là que quelques exemples des montagnes de dettes auxquelles Kelly est confronté. Il a également manqué de payer la pension alimentaire à plusieurs reprises, ce qui lui a valu de courtes peines de prison. Ses droits d’auteur, qui valaient autrefois des millions par an, ont été gelés par les tribunaux, et divers créanciers se battent pour les miettes restantes.

Dans une tentative désespérée de récupérer le jugement impayé de 10,3 millions de dollars, les victimes de Kelly ne se contentent pas de le poursuivre en justice—elles s’en prennent maintenant à Universal Music Group, qui contrôle encore une partie de son catalogue de publications.

Le procès affirme qu’Universal continue de percevoir des redevances sur les chansons de R. Kelly et pourrait détenir des fonds qui devraient être utilisés pour payer ses victimes. Les femmes demandent au tribunal de rediriger tout argent dû à Kelly directement vers elles.
Ce n’est pas la première fois que les redevances de Kelly sont au centre de batailles juridiques. En 2021, les procureurs ont révélé qu’il avait secrètement vendu une partie de son catalogue de chansons pour 5 millions de dollars, prétendument pour cacher l’argent aux créanciers. Sony Music (son ancien label) aurait gelé entre 3,5 et 4,5 millions de dollars de redevances impayées en raison de tous les procès.

L’avocat de R. Kelly a qualifié le jugement de 10,3 millions de dollars d' »outrageux », arguant qu’il avait été rendu sans son consentement alors qu’il était incarcéré. Elle a également affirmé que Kelly se voit refuser le droit à un procès équitable, et a suggéré que sa race a joué un rôle dans la manière dont les tribunaux ont poursuivi ses finances de manière agressive.
Mais le système judiciaire n’est pas dupe. Les juges ont déjà saisi 28 000 $ du compte de cantine de Kelly en prison pour les affecter à la restitution, et chaque dollar qui provient de son catalogue musical est disputé par plusieurs créanciers.

À ce stade, la valeur nette de R. Kelly est effectivement négative. Il doit des millions aux victimes, à l’IRS, aux propriétaires et aux avocats, et il n’a aucun moyen de générer des revenus alors qu’il est derrière les barreaux. Même si son appel réussit, le trou financier dans lequel il se trouve pourrait être impossible à combler.

Pour les victimes qui attendent toujours leurs 10 millions de dollars, la bataille est loin d’être terminée. Mais de savoir s’ils verront un jour cet argent est une toute autre question.